Prévention du suicide au Maroc : reconnaître les signes, savoir agir
Le suicide reste un sujet tabou dans de nombreuses sociétés, et le Maroc ne fait pas exception. Pourtant, il s’agit d’un enjeu de santé publique vital. Trop souvent, ceux qui souffrent restent isolés, invisibles. Et si sensibiliser devenait le premier geste pour sauver des vies ? Dans cet article, nous allons explorer ce qu'est la prévention du suicide, comment reconnaître les signes de détresse, ce qu’il faut faire (et éviter), et quelles ressources sont disponibles au Maroc. Parce qu’ensemble, nous pouvons faire une différence.
Contexte global et marocain
- Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 800 000 personnes se suicident chaque année dans le monde, ce qui représente un décès toutes les 40 secondes.
- Au Maroc, bien que le taux brut de suicide soit relativement bas par rapport à d’autres pays, il a connu une augmentation significative. Entre 2000 et 2012, le nombre de suicides a presque doublé. Aujourd'hui le Maroc+1
- On estime à environ 800 suicides par an certains dossiers, mais beaucoup de cas (tentatives ou souffrance psychologique) restent non déclarés ou sous-estimés. Médias24
- Parmi les élèves, 6,5 % auraient fait des tentatives de suicide. Un chiffre alarmant indiquant que les jeunes sont particulièrement vulnérables. L'Opinion Maroc
- Le tabou, la stigmatisation, l’absence de registre national clair pour les suicides et de nombreuses tentatives non signalées compliquent la visibilité du phénomène. Médias24+1
- Ce contexte montre qu’au Maroc, la prévention du suicide ne peut plus être ignorée.

Reconnaître les signes d’alerte
Identifier les signes de détresse est souvent le premier pas pour intervenir à temps. Voici ce qu’il faut surveiller :
Signes verbaux
- Des expressions de désespoir (« je n’en peux plus », « ça ne vaut pas la peine »).
- Parler de mort, d’adieu, de sentiments d’être un fardeau pour les autres.
Signes émotionnels
- Tristesse persistante, sentiment de vide.
- Colère, irritabilité soudaine, changement d’humeur notable.
- Anxiété intense, désespoir, perte d’intérêt pour ce qui était apprécié.
Signes comportementaux
- Isolement social, retrait progressif des activités.
- Perturbation du sommeil ou de l’appétit.
- Abus de substances, usage de drogues ou alcool.
- Préparation : donner des objets précieux, rédiger une lettre d’adieu, s’en séparer.
Signes psychologiques ou cognitifs
- Pensées récurrentes de mort ou de suicide.
- Difficulté à se concentrer, sentiment d’être piégé, sentiment d’urgence ou impuissance.
- Il est important de se rappeler que ces signes ne garantissent pas toujours une intention suicidaire, mais ils méritent une attention sérieuse.
Comment aider une personne en difficulté
Quand vous détectez ces signaux, voici des actions concrètes que vous pouvez entreprendre :
- Écouter activement : consacrer du temps, poser des questions ouvertes, faire preuve d’empathie sans juger.
- Montrer votre soutien : faire savoir à la personne qu’elle n’est pas seule, que ses sentiments comptent.
- Encourager à parler : parfois, simplement lui demander ce qu’elle ressent peut l’aider à sortir du silence.
- Orienter vers des professionnels : psychiatres, psychologues, centres de santé mentale.
- Offrir un accompagnement concret : aider à prendre rendez-vous, être présent lors des consultations, proposer d’appeler une ligne d’écoute ensemble.
- Suivi & soutien : rester en contact, vérifier son bien-être, s’enquérir régulièrement sans être intrusif.
Les erreurs à éviter
Quand une personne est en détresse, certains comportements, même bien intentionnés, peuvent être contre-productifs :
- Minimiser la souffrance : dire « ça va passer », « il y a des gens dans pire situation » risque d’isoler davantage la personne.
- Blâmer ou culpabiliser : phrases du type « pourquoi tu ne fais pas d’effort ? » ou « c’est de ta faute » aggravent le mal-être.
- Refuser de parler du suicide : éviter le mot « suicide » par peur de stigmatiser ou d’“inciter” est une erreur. Parler ouvertement ne provoque pas l’acte, mais aide.
- Donner des solutions simplistes : « pense positif », « va prier », « tout ira bien » sans reconnaître la douleur réelle.
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Ignorer ou rejeter la personne : se retirer, ne pas répondre aux appels ou messages, éviter le contact.
Ressources et solutions au Maroc
Il existe des structures et des initiatives qui peuvent aider :
- Afak Santé Mentale (Casablanca) : Association œuvrant pour la santé mentale, sensibilisation, formation, accompagnement psychosocial. afak-sante-mentale.ma+2afak-sante-mentale.ma+2
- Association Chams Tensift pour la Santé Mentale (Marrakech) : écoute, soutien des patients et de leurs proches. chamstensift.org.ma+1
- SOS Psychiatrie – Villa des Lilas à Casablanca : service d’urgence psychiatrique, intervention à domicile en cas de besoin extrême. villadeslilas.ma
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⚠️ Numéros utiles :
SOS Psychiatrie – Villa des Lilas : +212 (522) 77 41 70 (service d’urgence psychiatrique) villadeslilas.ma - Tu peux aussi contacter les hôpitaux psychiatriques régionaux, les centres de santé mentale, ou consulter les lignes d’écoute locales si elles existent près de toi.
Le suicide est un fléau qu’on ne peut plus laisser dans l’ombre. La prévention passe par la reconnaissance des signes, l’écoute, le soutien, et l’orientation vers des professionnels lorsqu’il le faut. Chacun de nous peut jouer un rôle, petit ou grand : parler, tendre la main, briser le silence.
Si toi ou quelqu’un de ton entourage traverse une période difficile, n’hésite pas à en parler, à chercher de l’aide. Ensemble, nous pouvons faire la différence.
FAQ
Q1. Quels sont les signes les plus préoccupants d’un risque suicidaire ?
R/ Parmi les signes à surveiller : parler de mort ou de suicide, isolement, perte d’espoir, comportement inhabituel, préparation (lettre, objets précieux), changements radicaux d’humeur ou d’habitudes.
Q2. Comment aborder la conversation avec quelqu’un qu’on croit en détresse ?
R/ Avec empathie : poser des questions ouvertes (“Comment te sens-tu ?”), ne pas juger, écouter activement, dire que vous êtes là pour aider. Éviter les phrases culpabilisantes.
Q3. Vers qui se tourner au Maroc ?
R/ Des associations comme Afak Santé Mentale, Chams Tensift, des cliniques comme Villa des Lilas (SOS Psychiatrie), les hôpitaux psychiatriques régionaux, des psychologues/psychiatres privés ou publics.
Q4. Est-ce que parler du suicide peut encourager quelqu’un à passer à l’acte ?
R/ Non. Parler ouvertement du suicide, poser la question, montrer qu’on s’inquiète peut réellement aider la personne à se sentir entendue et moins seule.